Rosana Ricárdez
Moi, Julio, dit le rigolo, je vais vous raconter ce qui m´est arrivé ce jour-là. Voici mon témoignage.
Ce jour-là, on a commencé assez tôt. On était dix. C´était presque Noël et les maisons étaient remplies de lumières, de petites lumières scintillantes. Le comédien était arrivé et les autres invités aussi : le Président du village, les députés, les dames de société… tous. Au début, cela n´était qu´un jeu d´enfants mais peu à peu, cela est devenu l´enfer. Le comédien n´arrivait pas à entretenir son public, ce public qui, la fête des Saints terminé, avait trouvé sous les effets de l´alcool le seul confort à leur vie. Tous ivres, ils avaient besoin d´un spectacle beaucoup plus fort que celui offert par dix enfants qui se battaient sur la scène pour des bonbons.
C´était à ce moment que le comédien nous a obligés à nous débarrasser de nos vêtements. Quelques instants passés, il a changé d´avis et nous a obligé à nous déshabiller peu à peu, sous ces regards inconnus. Et sous ces regards inconnus, on est devenus les victimes d´un jeu, de leur jeu. L´enfer était là, sur la Terre, sur cette terre et sur nos épaules. Chaque invité a pris un enfant et l´a enfoncé dans les pénombres de différentes chambres. On était dix, on avait entre douze et quatorze ans, on était des enfants. Une demi-heure passée il n´y avait rien, rien n´est resté de nous. On n´a jamais abandonnés ces chambres où on a été amenés, on n´est jamais revenus.
Le journaliste nous a posé beaucoup de questions mais il n´a pu rien faire, même si on lui avait tout dit. Le lendemain à la « une » on trouvait : « Les jeux d´enfants pour s´amuser cet été ». J´étais anéanti mais, au moins, j´étais encore vivant.
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